TS 21901
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Des femmes dans un monde d'homme

Des champs d’une importance vitale

Les femmes nourrissent le monde et pourtant, elles n’ont que peu de droits. SWISSAID s’engage depuis des décennies pour améliorer leur situation. Parmi elles, Louise Ndodjita, paysanne au Tchad.

En bref

Pays, région:
Tchad, Guera, Logone Oriental, Mandoul
Durée:
Janvier 2020 - Décembre 2025
Bénéficiaires:
21'200 femmes
Budget total du projet:
605'880 CHF

But

Le projet vise à réduire l’état de vulnérabilité des femmes en général et des jeunes filles en particulier. Il s’agit de réfléchir et de développer avec les femmes bénéficiaires, les initiatives et d’identifier les alternatives pouvant les aider à améliorer leur pouvoir d’achat.

Le projet contribue aussi à accroître la production agricole et les revenus des familles de petits paysans. Les femmes sont renforcées par des cours d’alphabétisation et d’information sur leurs droits, afin qu’elles deviennent plus indépendantes et sûres d’elles et qu’elles participent activement à la vie de la communauté.

Ce projet est cofinancé par les contributions programmes de la DDC.

Aperçu des projets

Les nuits de Louise Ndodjita, 53 ans, sont courtes. La journée commence à quatre heures pour se terminer à 23 heures. Au programme: beaucoup de travail et tout autant de responsabilités. Mère de cinq filles et quatre fois grand-mère, cette paysanne soutient financièrement cinq autres personnes. Pas question donc de tomber malade. Elle ne bénéficie d’aucune protection sociale et ne peut donc se permettre de manquer un seul jour de travail, au risque de voir les problèmes s’accumuler. Sa situation n’est pourtant pas la pire. Contrairement à la majorité des Tchadiennes, cette quinquagénaire possède des terres. Ses frères, qui sont enseignants et habitent en ville, lui ont laissé cet héritage d’environ un hectare qu’elle exploite seule.

Sans les femmes, pas de nourriture

Louise Ndodjita a su mettre cet héritage à profit. Elle en tire une fierté manifeste. Quand elle s’adresse à vous, elle choisit soigneusement ses mots, vous regarde droit dans les yeux, avec chaleur, et accompagne son discours de gestes expressifs.

Dans le monde, les paysannes produisent 70% des denrées alimentaires. 90% de tous les aliments consommés sur la planète sont le fruit du dur labeur des femmes. Malgré cela, au Tchad, elles n’ont pratiquement pas leur mot à dire. La société patriarcale, particulièrement conservatrice au Tchad, ne leur laisse que peu de place. Elles ne sont pas prises au sérieux, car contrairement aux hommes, elles ne savent généralement ni lire ni écrire. Plus de 80% des Tchadiennes sont analphabètes. Elles n’ont que rarement accès à des ressources de base, comme des terres ou des semences, de l’argent ou d’une formation. Ceci sans parler du fait que les femmes sont plus souvent victimes de violences morales et physiques, dont les mutilations sexuelles.

Depuis de nombreuses années, SWISSAID se bat pour les droits des femmes au Tchad et pour une agriculture durable. En collaboration avec les communes et les organisations féminines locales, elle propose des cours d’alphabétisation pour les femmes. Plus de 7000 participantes en ont déjà bénéficié, dont Louise Ndodjita.

Louise Ndodjita ne se repose pratiquement jamais; elle cultive ses champs seule. Mais elle a de la chance – la terre lui appartient.

 

Des journées sont également organisées pour sensibiliser la population à la nécessité de scolariser les femmes et de leur donner un droit à la terre. Par ailleurs, SWISSAID soutient plusieurs associations de paysannes en leur mettant à disposition des vaches et des bœufs pour faciliter le travail agricole.

Gagner son propre argent

En résulte une meilleure productivité. Une partie de la récolte peut alors être vendue sur le marché. Pour de nombreuses femmes, c’est la première fois de leur vie qu’elles gagnent leur propre argent. Louise Ndodjita est membre de deux organisations de femmes dans son village. Dans ses champs, elle cultive le karité, dont elle vend le beurre. Son regret? «Au Tchad, les paysannes ne sont toujours pas considérées lors des prises de décision. Même si elles s’impliquent, leur opinion n’est guère prise au sérieux par les hommes.»

Photo de famille: Louise Ndodjita et ses petits-enfants. Ses cinq filles et cinq autres personnes sont également dépendantes du soutien financier de cette femme de 53 ans.

Votre don compte

Le paysan en Équateur. La mère de famille au Niger. Le garçon au Myanmar. La femme en Colombie. La famille en Tanzanie. L'homme au Tchad. La jeune fille en Inde. Le père en Guinée-Bissau. La paysanne au Nicaragua. Ils bénéficieront tous de votre don.

Il est nécessaire d’accorder aux femmes un pouvoir décisionnel dans les organisations paysannes et les exploitations agricoles. La répartition traditionnelle des rôles reste très présente: après une longue journée passée aux champs, Louise Ndodjita rentre chez elle, où l’attendent les tâches ménagères. Elle prépare le souper, le thé… et un bain de pieds pour son mari. «Quand mon mari me demande quelque chose, par exemple de l’eau, je dois tout laisser en plan et le lui apporter», explique-t-elle.

Façonner sa propre chance

Parfois, elle dort dans ses champs pour éviter que sa récolte ne soit pillée. Louise Ndodjita souhaite un meilleur avenir pour ses filles. Deux d’entre elles suivent actuellement une formation dans le domaine de la santé dans la capitale, N’Djamena.

Quant à elle, elle continue de cultiver ses terres, jour après jour. Les nuits sont courtes, mais elle a confiance en l’avenir. Les choses bougent petit à petit.