En février, des colis de semences à haute valeur nutritive ont été distribués aux paysannes et paysans de 10 communes rurales du sud-ouest du Niger.  Il s’agissait d’une première mesure contre la famine aiguë provoquée par la sécheresse et les récoltes catastrophiques de la fin de l’année.

«La sécheresse a mené mon foyer à la famine. Nous n’avons pas eu une bonne production, et je ne pouvais pas nourrir mes enfants», se rappelle Zeinabou Danboye, paysanne de 51 ans. Particulièrement dans le besoin, cette mère de 9 enfants a été sélectionnée pour bénéficier de l’aide d’urgence. Elle fait partie des 66’000 personnes soutenues par le projet depuis le début, en décembre 2021.

Le kit alimentaire et de semences de SWISSAID nous a beaucoup aidé, avec les mauvaises récoltes de l’année passée liées au changement climatique.

Zeinabou Danboye, 51 ans, mère de 9 enfants, paysanne du village de Kiéché.

Crise alimentaire au Niger

Avec 90 francs, une personne reçoit trois bons pour acheter suffisamment de semences locales et résistantes lors d'une foire aux semences. Vous offrez ainsi un premier pas contre la faim.

kit alimentaire

 

Les colis contenaient, entre autres, de l’amarante – une plante à croissance rapide (3 semaines) très nourrissante et qui nécessite peu d’eau -, ainsi que des graines de gombo, de chou, de moringa et de laitue. Toutes ces semences sont adaptées aussi bien à la période sèche d’hiver qu’à la période sèche d’été, afin de permettre aux familles paysannes de produire jusqu’à la veille de la saison des pluies. Peu de temps après l’ensemencement, les familles pouvaient déjà récolter pour leur propre consommation. Des colis alimentaires sont également venus compléter cette aide. Couplés aux diverses variétés distribuées, les colis permettent aux familles démunies de tenir jusqu’à fin septembre, moment où le millet, l’aliment de base en Afrique, est récolté. «J’ai reçu un coupon d’une valeur de 18’000 FCFA. J’ai pu acheter du mil et du niébé que j’ai déjà semé. Après ça, il y a eu la distribution de colis alimentaires. J’ai reçu 25 kg de riz, 25 kg de niébé, 5 kg de sel et 5 l d’huile. J’ai eu de la nourriture à la maison et j’ai même partagé avec mes voisins qui n’ont pas bénéficié de l’aide de SWISSAID», explique-t-elle soulagée. A l’instar de Zeinabou Danboye, de nombreuses personnes ont témoigné leur gratitude pour l’aide arrivée à point nommé.

Lorsque les colis alimentaires ont été distribués, nous n’avions pas mangé depuis des jours. Je suis tellement reconnaissante à SWISSAID!

Rakia Magaji, 55 ans, 6 enfants

Avant la distribution de semences, on était dans une situation difficile. On n’arrivait pas à nourrir correctement nos enfants. Avec le moringa, par exemple, on peut préparer de la nourriture pour toute la famille. On a aussi vendu une partie de la récolte pour acheter de la volaille et des habits pour nos enfants.

Zalika Tahirou, au centre, bénéficiaire de la commune de Fabidji

Du court terme qui voit loin  

Outre la couverture des besoins immédiats, l’aide a également permis de se préparer à la prochaine récolte sensibilisant les paysannes et paysans aux avantages des semences résistantes et nutritives. Pour cela, une foire aux semences a été organisée en mai. Elle a permis de faire connaître des semences négligées et sous-utilisées comme le moringa, le voandzou, le taro ou le niébé que SWISSAID souhaite revaloriser auprès des communautés paysannes. «Nous avons remplacé la culture de pomme de terre par le moringa, qui résiste mieux aux conditions climatiques et qui permet de nourrir les familles. Certaines personnes ont acquis des chèvres grâce aux revenus des récoltes. En outre, les ventes permettent aux femmes dont les époux ne sont pas présents de subvenir aux besoins des enfants», explique Moussa Garba, bénéficiaire de la commune de Fabidji. Ainsi, le projet d’urgence a permis d’amorcer un changement dans les mentalités et les pratiques paysannes; arrêter de cultiver des plants conventionnels qui appauvrissent les sols et sont inadaptés au climat local.

Les autorités ont elles aussi vu l’urgence à se détacher des semences conventionnelles vendues par les grandes entreprises. «La population doit savoir que nous sommes à un moment où tout le monde doit semer des semences améliorées qui s’adaptent au climat», martèle Amadou Sabo, chef de canton de l’Arewa. Abdou Magoudou, paysan, appuie ses dires: «Les paysans utilisent toujours les mêmes semences alors que l’environnement change. Nous lançons un appel aux paysannes et paysans pour qu’ils se mobilisent et se procurent les meilleures variétés de semences. Ainsi, ils seront mieux préparés à la saison à venir.» Ainsi, utilisée à bon escient, la catastrophe annoncée en fin d’année 2021 se transforme en opportunité pour faire face non pas à l’urgence mais au changement climatique à long terme.

Le projet en vidéo