En Inde, environ un tiers des femmes et près d’une femme mariée sur 2, soit 40%, subissent des violences domestiques. Profondément enraciné et socialement accepté par toutes les couches de la population, le mariage forcé des jeunes filles fait partie de ces pratiques. Malgré une loi votée en 2006 qui interdit le mariage des enfants, la pratique se perpétue.

Prayas Chavan, 14 ans, habite le village de Rajegaon, dans le district d’Osmanabad, en Inde. En 2020, elle a intégré un groupe de jeunes filles de son village, mis en place par SWISSAID, afin de sensibiliser les jeunes à la violence et à leurs droits. «J’ai participé à de nombreux rassemblements, réunions et rallyes à vélo pour condamner des pratiques comme le mariage des enfants, la dot et promouvoir l’égalité des sexes», raconte Prayas.

Lorsque j’ai eu mes premières règles, mes parents ont décidé de me marier

Prayas Chavan, 14 ans, membre d’un groupe de jeunes filles en Inde.

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En mars 2021, elle cesse soudainement de participer aux activités. «Lorsque j’ai eu mes premières règles, mes parents ont décidé de me marier. Les fiançailles ont été faites à la hâte. Grâce à mon implication dans le groupe de filles, j’étais pleinement consciente des effets néfastes du mariage précoce. En plus, je voulais continuer l’école, ce que je n’aurais pas pu faire une fois mariée. J’ai donc tenté de convaincre mes parents d’annuler le mariage, mais en vain. Mes deux parents sont des ouvriers agricoles salariés et très pauvres. Ma grande sœur s’est enfuie et s’est mariée avec un garçon d’une autre caste. Ils craignaient donc que je fasse la même chose, ce qui porterait atteinte à l’honneur de la famille. Le mariage a été fixé vers la fin avril. Jusque-là, mes parents m’empêchaient de sortir.»

Intervention coordonnée

Ne voyant pas revenir Prayas aux réunions, les autres filles de son groupe s’inquiètent. En se renseignant, elles apprennent que les parents de Prayas ont fixé son mariage avec un homme de 28 ans. Elles se confient alors à la responsable de terrain de l’association partenaire du projet Halo Medical Foundation (HMF). En apprenant le mariage de Prayas, cette dernière contacte l’agent gouvernemental chargé de l’interdiction du mariage des enfants et dépose plainte. L’agent émet un avis juridique au chef du village et à l’agent de développement du village et leur demande d’arrêter le mariage. Ces derniers, contraints par la loi, se rendent immédiatement au domicile des parents avec le personnel d’HMF. Les discussions qui s’ensuivent sont mouvementées mais aboutissent finalement à l’annulation du mariage.

«Après beaucoup de discussions, mes parents ont accepté de me laisser retourner à l’école et participer aux activités du projet. Aujourd’hui je suis heureuse de pouvoir retourner à l’école. Je vais entrer en 8ème année!»

Votre don compte

Le paysan en Équateur. La mère de famille au Niger. Le garçon au Myanmar. La femme en Colombie. La famille en Tanzanie. L'homme au Tchad. La jeune fille en Inde. Le père en Guinée-Bissau. La paysanne au Nicaragua. Ils bénéficieront tous de votre don.

Sensibiliser pour sauver

Prayas fait partie des 69 enfants qui ont échappé au mariage forcé depuis le début du projet. Les superviseurs de terrain et les animateurs encadrent les familles des enfants afin de s’assurer qu’elles ne se livrent pas à nouveau secrètement aux mariages de leurs enfants. Au sein des groupes de filles, la sensibilisation à la loi contre le mariage des enfants, que seul 16 % des femmes connaissent, permet de diffuser les informations et rendre attentif un nombre croissant de jeunes aux effets néfastes du mariage des enfants. Et ainsi permettre aux jeunes filles indiennes de vivre leur jeunesse en toute liberté et déterminer elle-mêmes leur avenir.

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3 questions à Sneha Giridhari

Sneha

Sneha Giridhari, responsable chez SWISSAID Inde du projet Towards Gender Equality

Sur quoi se porte le projet?

L’aspect fondamental du projet est la prévention de la violence domestique. Nous travaillons avec de jeunes garçons et filles et les encourageons à remettre en question les discriminations liées au genre à l’origine de la violence.

Quelles sont les impressions du terrain?

Lorsque je visite les villages du projet, je rencontre des jeunes filles qui ont refusé avec véhémence leur propre mariage précoce et des jeunes hommes qui déclarent fièrement qu’ils se sont mariés sans dot malgré la pression de leurs parents. Cela me conforte que le projet va dans la bonne direction.

Est-il uniquement destiné aux jeunes?

Non, il soutient aussi psychologiquement et physiquement les femmes victimes de violence, tout en incluant les hommes au travers d’ateliers de sensibilisation sur l’égalité des sexes.