SWISSAID salut l’avancée des discussions dans ce domaine grâce au Sommet et la mise en avant de l’agroécologie, mais regrette que les acteurs centraux de ce système, soit les paysan-ne-s, aient été largement écarté-e-s des discussions. Des approches telles que l’agroécologie, qui s’appuie sur les 500 millions de petit-e-s paysan-ne-s fournissant la plupart de la nourriture mondiale, continuent également de se heurter à des difficultés. Raison pour laquelle elle leur a donné une voix au travers de son rapport.

Le rapport remis en main propre à Christian Hofer, directeur de l’Office fédéral de l’agriculture, le 21 septembre, est un compte-rendu de la vie de différentes paysannes. SWISSAID y démontre le potentiel que les paysan-ne-s voient dans l’agroécologie: un moyen de renforcer leur autonomie dans le système alimentaire afin qu’ils et elles puissent encore produire des aliments pour nous à l’avenir. L’étude comprend également une liste de recommandations à l’intention des décideurs-euses. Et si on y lit les obstacles qui se dressent sur leur chemin, on y trouve surtout les progrès réalisés et des propositions d’amélioration que formulent ces professionnelles de l’agriculture, bien trop souvent sous-estimées et trop peu écoutées, à l’égard des décideurs. Parmi leurs propositions, le développement de l’agroécologie.

Donner une voix aux paysannes

Elles se prénomment Aïssa, Anne, Amina, Rut, Chathurika et Kathrin. Elles vivent au Niger, en Suisse, en Tanzanie, au Guatemala et au Sri Lanka et toutes travaillent la terre. Cette terre, certaines l’ont héritée de leurs aïeuls, d’autres n’y étaient pas prédestinées et ont fait le choix de s’y consacrer. Toutes ont appris à la labourer, y planter les semences appropriées, l’irriguer et la préserver. Elles nourrissent ainsi sainement leur famille, la communauté et dégagent des revenus. En Asie et en Afrique subsaharienne, les petites exploitations produisent en effet plus de 80% des aliments consommés. Et les paysannes en sont des actrices clé. En Afrique subsaharienne toujours, les femmes produisent ainsi jusqu’à 80% des denrées alimentaires consommées dans les zones rurales, on pense ici à de nombreuses variétés locales de blé, de maïs et de riz.

Rut, paysanne du Guatemala

María Rosaura, paysanne de Colombie

Nombreux obstacles

Maillon essentiel des systèmes alimentaires, discuté au Sommet des systèmes alimentaires le 23-24 septembre à New York, les femmes restent néanmoins les parents pauvres de l’agriculture. Manque de reconnaissance, de protection sociale, de formation, interdiction d’accéder à la propriété dans certaines régions du monde, violences et isolement: les difficultés qu’elles rencontrent sont nombreuses. Dédiées à leur communauté, ce sont également elles les principales victimes de la sous-nutrition. Près de 60% des personnes qui souffrent de manière chronique de la faim sont des femmes.

Amina, paysanne de Tanzanie

Anne, paysanne de la Suisse

#agroecology_now

Approche qui promeut l’autonomie des paysan-ne-s par des pratiques agricoles durables sans pesticides, ni fertilisants de synthèse, qui produit de la nourriture saine et diversifiée, réclame la libre utilisation des semences traditionnelles et des systèmes alimentaires plus équitables, l’agroécologie comporte des dimensions environnementales, socioculturelles, économiques et politiques. Elle fait ses preuves face au changement climatique, à la perte drastique de biodiversité et la pauvreté. SWISSAID l’a constaté sur le terrain et l’a d’ailleurs répété au Conseil fédéral à la veille du pré-sommet en juillet à Rome.

Clé de voute de la nécessaire refonte de nos systèmes alimentaires, l’agroécologie doit impérativement être mieux soutenue et développée. Plutôt que les voix de l’agrobusiness, écoutez les voix de celles qui nourrissent la planète. Pour en savoir plus sur le potentiel de l’agroécologie, visionnez notre dernier webinaire à ce sujet.