Famine, inquiétude , détresse : une nouvelle tragédie se profile au Niger. Quelque 3,3 millions de personnes sont gravement menacées par la faim. La faute aux conflits déjà existants et au changement climatique caractérisé tantôt par des inondations, tantôt par des sécheresses. Ces derniers mois, il n’a pratiquement pas plus. À la sécheresse s’ajoutent désormais les sanctions consécutives à la crise politique suite au coup d’Etat du 26 juillet 2023. Une grande partie de la population n’a plus accès à des produits de première nécessité.
En bref
But
Les principales activités sont la distribution de colis alimentaires aux plus vulnérables, ainsi que la distribution de semences lors d’une foire. Cette dernière vise à aider les petit-e-s paysan-ne-s à développer leurs capacités de production agroécologique.
Des champs desséchés, des greniers vides, aucune végétation à l’horizon. Les femmes, les enfants et les hommes affamés sont assis devant leurs petites huttes de paille, en quête d’ombre. Les enfants pleurent. Quelques jours plus tard, une pluie torrentielle s’abat et inonde le pays, les champs sont sous l’eau.
Mamoudou Mahamadou, petit paysan et père de famille de Kieché, dans le sud-ouest du Niger, a vécu ce cauchemar il y a deux ans. Il a d’abord assisté, impuissant, au dessèchement de toute sa récolte, puis à l’inondation de ses champs. Les gens craignaient le pire, des millions de personnes étaient menacées de famine. Djamila Abdoulaje a, elle aussi, dû abandonner l’espoir d’une bonne récolte.
Dans cette grande détresse, SWISSAID a pu fournir des vivres et des semences l’an dernier et soulager quelque peu les souffrances des plus démunis: 68’894 personnes ont reçu des colis alimentaires grâce à l’aide rapide de SWISSAID, 470’000 kilos de nourriture comprenant des céréales, de l’huile alimentaire et du sel ont été distribués. Et grâce aux paquets de semences, les familles ont pu de nouveau cultiver des légumes et subvenir à leurs besoins.

En raison de la sécheresse, nous n’avons pas pu semer correctement les maigres semences.
Djamila Abdoulaje, 30 ans, agricultrice et mère de quatre enfants
Crise alimentaire au Niger
Nouvelle pénurie alimentaire et pertes de récoltes
Le calvaire de la population se poursuit. Il y a quelques semaines, le pays a de nouveau été frappé par de graves sécheresses et des inondations. Dans les régions de Dosso et de Tillabéry, les champs emportés par les eaux offrent un spectacle de désolation et la situation s’est dramatiquement aggravée en raison de la perte des récoltes. Leurs dernières réserves de nourriture épuisées, de nombreuses familles quittent leurs villages.

Ces dernières années, les récoltes ont été très mauvaises. Il y a deux ans, j’avais l’espoir que la récolte serait bonne. Mais les fortes inondations ont détruit tout mon champ.
Mariama Bagué, 47 ans, paysanne et mère de cinq enfants
Une situation déjà critique
Selon la carte de la faim du Programme alimentaire mondial (PAM), la quasi-totalité de la population ne peut plus se nourrir suffisamment (naviguer vers le Niger en haut à gauche dans le champ de recherche des pays).
D’après les estimations de l’ONU, près d’une personne sur dix souffre actuellement de faim aiguë au Niger. Les plus pauvres sont les plus touchées. Plus de 3,3 millions de vies sont menacées. Selon l’ONU, ce chiffre peut grimper de plus de trois millions pendant les mois dits de «famine», soit avant la prochaine récolte. Les causes sont multiples: les cycles de sécheresse et d’inondation se font toujours plus intenses, la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont fait grimper les prix et la population ne s’est pas encore remise des récoltes catastrophiques de ces dernières années.

Je n’avais rien à manger. Je ne trouvais même pas de millet pour faire de la bouillie. Grâce au soutien de SWISSAID, j’ai reçu du mil, du sel et de l’huile. Maintenant, nous pouvons manger deux fois par jour et mes enfants ne souffrent plus de la faim.
Mamou Amadou, 45 ans, paysanne et mère de six enfants
Projet d'urgence pour les personnes souffrant de la faim
Mais l’ancrage local de SWISSAID depuis plus de quarante ans s’avère une fois de plus payant: grâce à ses contacts sur place, le bureau de SWISSAID au Niger a pu réagir rapidement et élaborer un projet d’urgence pour les personnes dans le besoin.
Dans un premier temps, des colis alimentaires assurent la survie des personnes les plus vulnérables. Grâce à des semences qui germent même dans des conditions difficiles et des formations en agroécologie, nous empêchons de nouvelles pertes de récoltes et permettons aux familles paysannes de mieux faire face aux futures catastrophes naturelles.
Apporter une aide immédiate avec des colis alimentaires
En collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM), SWISSAID a préparé un colis alimentaire qui assure la survie des personnes les plus vulnérables pendant une durée minimale d’un mois: chaque famille reçoit 50 kg de riz ou de mil, 25 kg de haricots, 5 litres d’huile, 10 kg de sel iodé et 2 sachets d’aliments enrichis pour bébés.
Semences résistantes à la sécheresse
Des semences de haute qualité, résistantes et à croissance rapide ainsi que de nouvelles méthodes d’irrigation permettent de garantir la prochaine récolte. L’introduction de légumes supplémentaires, de moringa et de pommes de terre permet en outre d’augmenter les surfaces agricoles et de prévenir la malnutrition.
Formation à la culture adaptée au climat
Grâce à l’agroécologie, les petit-e-s paysan-ne-s apprennent à améliorer leurs rendements et à constituer des réserves même lors de conditions difficiles. Ils et elles sont ainsi plus résilient-e-s et mieux préparé-e-s à faire face aux sécheresses et aux inondations. Les bénéficiaires peuvent participer à des formations dans ce domaine et, dans chaque commune, des points de contact en agroécologie seront disponibles pour conseiller les familles paysannes dans la production d’engrais organiques, la fabrication de compost et autres méthodes agroécologiques.
Aide d'urgence durable
L’aide d’urgence est la première et la plus importante étape de cette crise alimentaire. Mais nous n’abandonnons pas la population après ce premier répit. Nous restons sur place et l’aidons à devenir plus résiliente face aux conditions extrêmes. Il s’agit ainsi d’éviter l’exode:
- C’est pourquoi SWISSAID a organisé deux foires consacrées aux semences et à l’agroécologie. Ce sont des événements très importants pour les familles paysannes. Quelque 30’000 bons leur ont été distribués pour acquérir des semences de qualité: laitue, oignon, carotte, betterave, aubergine, amaranthe, mil, sésame, arachide, riz parmi de nombreuses autres variétés. Des plants fruitiers tels que manguier, papayer, dattier ainsi que des biopesticides, des biofertilisants et du matériel agricole se trouvaient aussi sur les étals.
- Dans le cadre des foires également, des collaborateurs et collaboratrices de SWISSAID ont fait la démonstration de pratiques agroécologiques. Des biopesticides à base d’ail, d’eucalyptus, de piment et de gingembre ont été élaborés. Du compost a aussi été fabriqué.
- Dans la région de Dogondoutchi, SWISSAID, en collaboration avec ses partenaires, ont cultivé des légumineuses. Celles-ci ont de meilleures valeurs nutritives et sont plus résilientes que les farines enrichies, qui ne sont destinées qu’à une utilisation à court terme.
- Enfin, et à la suite de l’augmentation du prix de la farine de blé, SWISSAID a soutenu treize boulangeries qui produisent du pain à partir de farine de céréales locales. Une manière de valoriser les produits locaux, de rendre la population moins dépendante au blé importé et de préserver les emplois dans les boulangeries locales.
Pour l’avenir, Mariama Bagué, ne souhaite qu’une chose: une vie sans faim, surtout pour ses enfants. «J’espère qu’un jour je n’aurai plus à me soucier constamment de la nourriture», déclare cette mère de cinq enfants. Djamila Abdoulaje fait elle aussi le même rêve: «Mes enfants et moi ne voulons rien de moins que d’être épargnés par la faim.»