L’école est un lieu où s’opère le changement: dans les «Eco Schools» de Tanzanie, les enfants transforment les cours d’école poussiéreuses en oasis verdoyantes, en plantant des arbres, en cultivant des jardins et en élevant des animaux. Elles et ils apprennent ainsi à protéger la nature grâce à l’agroécologie et à mieux faire face aux effets du changement climatique.
En bref
But
Le projet de SWISSAID poursuit les objectifs suivants:
- Former les enseignant-e-s et les élèves à l’agroécologie
- Créer des jardins scolaires agroécologiques
- Encourager l’échange entre les écoles, les communautés villageoises et les autorités locales au sujet de l’agroécologie
- Renforcer les compétences sociales des élèves
Le projet est co-financé par les contributions de programmes de la DDC.
Saad, du haut de ses 12 ans, se tient debout face à ses camarades de classe, plein d’assurance. Les élèves discutent avec entrain de l’avancement de leur projet dans leur école verte («Eco School»). En tant que membre du conseil de classe, le garçon sait désormais sur le bout des doigts ce dont les arbres ont besoin pour bien pousser et pourquoi ces végétaux sont si précieux.
Qu’un enfant parle si naturellement d’agroécologie n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’un projet qui apporte un véritable vent de changement dans les écoles tanzaniennes. Depuis son lancement, l’école s’est transformée, à l’image de son nom, «Songambele», qui signifie «aller de l’avant» en kiswahili. Le projet forme non seulement les élèves, mais aussi les enseignant-e-s et la communauté villageoise à l’agroécologie.
L’agriculture occupe une place centrale en Tanzanie, car elle fournit nourriture et travail. Deux personnes sur trois œuvrent dans ce secteur, le plus souvent de petit-e-s paysan-ne-s. Avec un ensoleillement important et une température moyenne de 24 degrés, le climat tropical offre de bonnes conditions à l’agriculture. Cependant, le changement climatique met la population face à des défis considérables. Les températures augmentent, la saison des pluies est plus courte et plus intense. Les paysannes et paysans doivent adapter en conséquence leurs méthodes de culture. C’est là qu’intervient l’agroécologie, une façon durable de pratiquer l’agriculture en harmonie avec la nature.
En Tanzanie, où près de la moitié de la population a moins de 15 ans, les jeunes ont un rôle important à jouer. Enthousiasmer cette génération pour l’agroécologie, c’est lui donner les bases nécessaires pour envisager l’avenir avec confiance, en lui transmettant les connaissances indispensables sur les méthodes agricoles résilientes. En collaboration avec une organisation partenaire, la première école verte, c’est-à-dire une école écologique, a ainsi été créée en 2021 dans la région de Mtwara, au sud-est de la Tanzanie. Coordinatrice du projet, Gladness Martin Brush explique avec fierté: «Quand nous avons vu à quel point les écoles vertes fonctionnaient bien, nous avons étendu le projet à la région voisine de Lindi.»

Kiki & Miles Productions
De la théorie à la pratique
«Avant, le terrain de l’école était sec et érodé. Le climat a asséché les sols, il n’y avait pas d’arbres et peu d’endroits ombragés», raconte l’enseignante Bihoja Seif. Aujourd’hui, le paysage a changé du tout au tout.
Le projet met l’accent sur la pratique: les enfants créent des jardins scolaires, plantent des arbres et arbustes, en privilégiant les variétés locales comme la mangue, le citron ou la banane. En plus de verdir et d’embellir les lieux, les jardins permettent de nourrir les enfants. Les fruits, légumes et céréales récoltés finissent dans les assiettes des élèves. Cela représente une charge financière en moins pour les parents et améliore la présence des enfants en classe.
En plus de cultiver des plantes, les écoles vertes ont des élevages de poules et de vaches qui fournissent des œufs, du lait et de l’engrais naturel. Certaines écoles disposent d’un étang et de ruches. Grâce à la vente de poissons et de miel, elles peuvent contribuer à financer du matériel scolaire, des réparations et des protections menstruelles pour les filles.
Un projet qui fait école
Chaque école verte dispose d’un conseil de classe et d’un conseil scolaire. Le conseil de classe regroupe plusieurs élèves qui discutent en assemblée de problèmes tels que la rareté de l’eau et cherchent ensemble des solutions – par exemple, un plan d’irrigation réglant l’utilisation de l’eau. Un succès à la fois pour l’école et pour Saad. Il dit avec fierté: «J’ai appris à travailler en équipe et j’ai beaucoup plus confiance en moi.» Le conseil de classe offre la possibilité aux élèves de s’impliquer, ce qui les motive à s’engager encore davantage. Même pendant les vacances, les enfants s’occupent de leur jardin tant celui-ci est devenu important à leurs yeux.
Les parents et les enseignant-e-s sont aussi impliqués au travers d’un conseil scolaire: celui-ci entretient des échanges avec le village et organise des ateliers qui favorisent le partage de connaissances.
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Makundi Ally Majidu, 19 ans
«Depuis un an, je préside le conseil scolaire. Je participe à l’organisation de tout ce qui concerne notre potager et notre étang. Cela me plaît beaucoup, car j’apprends énormément de choses sur la nature et la manière dont nous pouvons la protéger. J’aime aussi le travail en équipe. Nous réfléchissons ensemble à la manière de résoudre les problèmes.»

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Haifati Rajabu, 16 ans
«Ce qui me plaît particulièrement dans ce projet, c’est que nous pouvons appliquer à la maison une grande partie de ce que nous apprenons à l’école, au sein de nos familles et dans le village. Avant, chez nous, nous avions l’habitude de planter les bananiers de manière très rapprochée, et la récolte était faible. Dans le jardin de l’école, j’ai vu qu’il n’y avait qu’un seul plant par trou. J’ai essayé cette technique chez moi: ça a super bien marché! C’est là que j’ai compris que ce que nous apprenons ici peut être utile à la maison.»
Une initiative vouée à grandir
La collaboration avec les autorités locales est également un succès, confirme Gladness Martin Brush: «Le gouvernement de la région de Lindi soutient le projet». Pour que l’initiative continue de se développer, tout le monde doit y mettre du sien – enfants, parents, enseignant-e-s et autorités. C’est grâce à la conviction de toutes les parties que le projet pourra se poursuivre sans le soutien de SWISSAID.
Les écoles vertes sont en bonne voie d’atteindre cet objectif. Dix écoles participent au projet et dix autres devraient bientôt les rejoindre. Gladness Martin Brush en est convaincue: «Lorsque nous formons des enfants à l’agroécologie, nous investissons dans l’avenir.»
Crédits de l’image d’en-tête et des images dans le texte: Kiki & Miles Productions