«L’égalité des genres, la couverture des besoins vitaux, les matières premières et, en particulier, l’agroécologie sont les principaux domaines pour lesquels SWISSAID s’engage en Tanzanie. En tant que nouvelle responsable de programme, j’ai eu l’occasion de me rendre sur place pendant deux semaines en novembre 2020 et j’en suis revenue avec une vue d’ensemble approfondie des projets en cours. L’échange avec les bénéficiaires a mis en lumière leur important esprit d’innovation et leur résilience dans des conditions de vie difficiles.

Lueurs d’espoir dans l’exploitation des matières premières

Presque aucun autre pays d’Afrique n’est aussi riche en ressources naturelles que l’est la Tanzanie. Ses quelque 60 millions d’habitants-es ne bénéficient toutefois que peu des trésors qui dorment dans ses sols. L’exploitation minière est par ailleurs souvent synonyme de dangers pour l’environnement et la santé et entraîne des inégalités.

Dans les petites mines artisanales visitées, SWISSAID soutient une exploitation durable, des conditions de travail plus sûres, un impact moindre sur l’environnement et une meilleure rémunération des employés-ées.

Mais il peut aussi en être autrement : c’est ce qu’il ressort de mes visites dans trois petites mines artisanales que SWISSAID soutient dans la transition vers une exploitation durable. Au-delà des critères écologiques, des facteurs sociaux ainsi que la promotion des femmes jouent ici naturellement aussi un rôle. Une des trois mines est ainsi dirigée par une femme. Aux côtés d’organisations partenaires, SWISSAID est en contact étroit avec des acteurs étatiques et non étatiques afin d’améliorer les conditions générales dans les exploitations minières à petite échelle. Les nouvelles réglementations nationales des prix apportent encore d’autres lueurs d’espoir.

Il reste néanmoins beaucoup de chemin à parcourir avant que la Tanzanie ne puisse briller avec un or durable. La prochaine étape nécessaire dans nos projets est l’établissement de normes sociales et écologiques réalistes et contraignantes, élaborées conjointement.

Agroécologie: récolter au moment propice est déjà un demi-succès

Calendrier des cultures, diversité des semences, sursaturation du marché: pendant deux jours, 50 petits-es paysans-nes ont discuté des multiples facteurs à prendre en compte pour une récolte réussie. Ils sont soutenus dans leur démarche par des spécialistes de l’alimentation et d’autres experts locaux de l’agriculture, des semences et de la nutrition. Et les savoirs à partager sont nombreux: les cultures plantées doivent non seulement être bonne qualité pour être commercialisées et riches en nutriments, mais il faut également éviter un excédent sur le marché et les récolter au bon moment.

Dans le cadre de nos projets agroécologiques, les paysannes reçoivent un soutien pour la production et l’élaboration de plans d’affaires. Des collaborations innovantes avec des organisations partenaires qui se trouvent dans les centres urbains promettent de nouvelles opportunités passionnantes.

En Tanzanie, la demande en produits biologiques augmente – les paysannes s’adaptent en passant à des méthodes agroécologiques. SWISSAID soutient les familles de petits paysans dans la production et l’élaboration de plans d’affaires.

Développée en collaboration avec l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), l’application pour smartphone «Macho Sauti» est elle aussi une innovation. Elle permet aux paysannes tanzaniennes d’échanger des solutions aux problèmes liés à la conversion à l’agroécologie et de demander directement conseil à des experts.

Dans le cadre d’un projet de recherche auquel participent l’EPFZ et l’Université de Sokoine en Tanzanie, des méthodes de production agroécologiques sont par ailleurs scientifiquement étudiées. Par exemple, afin de savoir quel est le meilleur moyen naturel de lutter contre les parasites ou quelle méthode d’amélioration de la fertilité des sols a le plus d’impact sur le rendement des récoltes. Ces données permettront d’améliorer en continu les recommandations aux paysans-nes. Mais une chose est déjà claire: l’agroécologie fonctionne !

De la pisciculture durable à la sécurité alimentaire

Ma dernière visite de projet m’a conduit dans la région côtière idyllique du sud de la Tanzanie. Ici aussi, la majorité de la population parvient à maintenir la tête hors de l’eau grâce à une économie de subsistance et le poisson y tient une place existentielle, tant sur le plan alimentaire que financier. Toutefois, en raison de la surpêche industrielle, les ressources en mer diminuent. De plus, afin de faciliter l’accès à la côte – mais aussi pour obtenir du bois de chauffage bon marché -, d’importantes quantités de mangroves sont abattues. Les objectifs du projet de pisciculture de SWISSAID sont donc particulièrement pertinents: pêcher dans les étangs côtiers de reproduction et reboiser des forêts de mangrove. Et même s’il reste beaucoup à faire – il faut jusqu’à trois mois pour construire un étang de pisciculture – l’enthousiasme de la population locale et le soutien des autorités locales me donnent confiance.

Le district côtier de la région de Lindi abrite l’une des communautés les plus pauvres de Tanzanie. La majorité de la population parvient tout juste à maintenir la tête hors de l’eau grâce à l’agriculture de subsistance. Le poisson est en grande partie la seule source de protéines animales.

Sur le bon chemin

Fortement impressionnée et remplie d’optimisme, je quitte la Tanzanie après deux semaines. Les projets sont ancrés localement. La recherche, la mise en œuvre et le travail de sensibilisation vont de pair. En collaboration avec les bénéficiaires et les organisations partenaires tanzaniennes, notre équipe locale relève chaque jour de nouveaux défis pour parvenir pas à pas à plus de sécurité alimentaire, d’égalité et de justice.»

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