De l’eau dans le désert

Au Niger, des jeunes puisent de l’eau et de l’espoir

Au Niger, l’eau est une ressource rare, et le changement climatique ne fait qu’aggraver cette situation. Après de longues périodes de sécheresse, de fortes pluies peuvent soudainement se produire, entraînant des inondations dévastatrices. Les enfants et les jeunes, qui représentent une grande partie de la population, sont particulièrement vulnérables. Des projets comme la construction de châteaux d’eau ainsi que des formations sur la gestion de l’eau les aident à mieux faire face à ces conditions extrêmes.

En bref

Pays, région:
Région de Dosso, Département de Dogondoutchi
Durée:
juillet 2023 - décembre 2026
Bénéficiaires:
26'176 personnes (dont plus de la moitié sont des femmes) et 3021 élèves dans 23 écoles
Budget total du projet:
1'298'114 CHF

But

Les infrastructures d’approvisionnement en eau sont renforcées. Des châteaux d’eau, des puits et des toilettes sont construits. Dans les «Écoles bleues», les enfants apprennent à mieux gérer l’eau. Les autres habitant-e-s sont également formé-e-s à la gestion de l’eau et à l’hygiène.

« Il est évident qu’il ne pleut plus beaucoup. Avant, nous pouvions utiliser l’eau non seulement pour boire, mais aussi pour nous laver. »

Bien qu’il n’ait que 15 ans, cet écolier de la commune de Gougui, dans le département de Dogondoutchi, est tout à fait conscient des conséquences du changement climatique.

 

Le Niger est particulièrement affecté par les effets du changement climatique. En raison de l’augmentation des températures, le désert du Sahara et la zone sahélienne, qui couvrent tous deux une grande partie du pays, continuent de gagner du terrain. La désertification qui sévit aggrave la pénurie de terres fertiles, et rend difficile la production alimentaire pour les populations et les animaux. Sachant que 80 % des habitant-e-s vivent de l’agriculture et de l’élevage, ce phénomène constitue un défi majeur. Autrefois plus prévisibles, les périodes de pluies et de sécheresses interviennent désormais par surprise et sont marquées par des extrêmes.

Certaines régions ne bénéficient presque plus de pluie pendant de longues périodes, puis sont frappées par de fortes précipitations. Les sols, incapables de réagir à ces extrêmes, s’assèchent rapidement.  Lors de fortes pluies, l’eau ne s’infiltre pas, provoquant inondations et débordements, comme cela a été le cas en automne 2024 dans la région du Sahel.

Approvisionnement en eau au Niger

L’accès à l’eau potable est donc un enjeu majeur au Niger, où près de la moitié de la population en est privée. La situation est encore plus critique s’agissant des installations sanitaires : de l’eau propre fait défaut pour se doucher, se laver les mains et nettoyer les aliments, avec de graves répercussions sur la santé. Sans eau propre, difficile de se débarrasser des bactéries, et les personnes au système immunitaire affaibli tombent fréquemment malades. Les maladies diarrhéiques, par exemple, sont la deuxième cause de mortalité chez les jeunes enfants.

Le manque d’eau affecte particulièrement les enfants et les adolescent-e-s, dans un pays où la moitié de la population a moins de 16 ans. Sakina Badje, 15 ans, vit dans le même village que Rabiou Chipkaou. Elle partage son ressenti : « Je remarque qu’il ne pleut presque plus. Cela rend la terre infertile. » Les femmes et les filles sont les plus touchées : elles doivent marcher jusqu’à cinq heures par jour pour trouver de l’eau, ce qui les empêche souvent d’aller à l’école ou de jouer.

Sakina Badje, 15 ans, écolière :

« Je remarque qu’il ne pleut presque plus. Cela rend la terre infertile. »

Un château d’eau pour alléger la situation

Pour améliorer l’approvisionnement en eau, SWISSAID a mis en place, en 2023, un projet dans plusieurs communes permettant la construction de châteaux d’eau et de puits pour fournir de l’eau potable. Ces infrastructures facilitent la vie quotidienne des familles. Rabiou, par exemple, se réjouit : « Nous sommes heureux de pouvoir nous procurer un bidon de 25 litres chaque jour. »

Outre la construction d’infrastructures, des formations sont dispensées à la population locale sur des sujets tels que la gestion de l’eau. Les enfants et les jeunes, à l’image de Rabiou Chipkaou, jouent un rôle essentiel dans ce domaine.

Dans les « Écoles bleues », que soutient SWISSAID, les enfants apprennent l’importance de l’hygiène, comme le lavage des mains ou le nettoyage des aliments. D’autres thématiques sont abordées telles que le recyclage des déchets et l’alimentation saine. Les filles reçoivent aussi des cours sur l’hygiène menstruelle.

Les connaissances acquises sont ensuite partagées à la maison, bénéficiant ainsi à toute la famille. Dans le cadre des projets de SWISSAID, une collaboration étroite avec les parents est également mise en place pour les former à l’agroécologie, avec pour objectif de renforcer la résilience des paysan-ne-s, même en période de sécheresse ou d’inondation.

Malgré toutes les difficultés, Rabiou ne se laisse pas abattre : « Plus tard, je veux devenir un commerçant avec du succès et j’espère que tout mon village en bénéficiera. »