Une partie de l’or importé en Suisse provient du Burkina Faso, un des pays les plus pauvres au monde. Ce pays est fortement dépendant de cette ressource, puisque l’or représente à lui seul plus de 70% de ses recettes d’exportations. Cependant, la population burkinabè dans son ensemble ne bénéfice que trop peu des retombées économiques qui devraient découler de la vente du métal précieux.

Exporté majoritairement vers la Suisse, l’or industriel burkinabè est trop souvent lié à des problèmes d’expropriation des terres, de pollution et de corruption. Au niveau de l’or artisanal, le travail des enfants, la pollution au mercure et le contrôle des mines par des groupes armés constituent des problèmes fréquents dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Près de 95% de la production artisanale est exportée de manière frauduleuse, transite par Dubaï et une partie arrive vraisemblablement dans les raffineries suisses, comme le montre notre dernier rapport «Détour doré».

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Un secteur vital pour le Sud

Malgré ces défis majeurs, on tend souvent à sous-estimer les effets économiques positifs d’une exploitation responsable de ce minerai. Au niveau mondial, les mines d’or artisanales, employant 20 à 30 millions de mineurs et faisant vivre plus de 100 millions de personnes, peuvent avoir un formidable impact socio-économique et sont un moyen important de lutter contre la pauvreté.

Il est possible de résoudre les problèmes que posent l’exploitation de l’or et de renforcer les effets positifs de cette activité. Pour cela, les pays producteurs et les plateformes de commerce, en particulier la Suisse, doivent adopter des cadres réglementaires plus contraignants et exiger davantage de transparence. Les acteurs situés en fin de chaîne d’approvisionnement (les raffineries, les bijouteries et les banques suisses) doivent s’approvisionner directement auprès des mines et s’engager systématiquement dans des programmes de certification relatifs à l’or artisanal. Pour l’instant, moins d’1% des 550 tonnes d’or artisanal produites chaque année au niveau mondial sont certifiées. Il reste donc beaucoup de progrès à faire dans ce domaine.