« En 2019, 135 millions de personnes se trouvaient en situation d’insécurité alimentaire sévère. Début 2022, leur nombre a atteint 298 millions de personnes. Si la guerre se poursuit, les experts estiment que 345 millions d’individus seront concernés d’ici fin 2022 ».  Les chiffres présentés par Gian Carlo Cirri, directeur adjoint du bureau genevois du Programme alimentaire mondial (PAM) lors d’une conférence-discussion en ligne organisée par SWISSAID le 7 juillet font froid dans le dos.

Depuis le début de la guerre en Ukraine et le bouleversement des chaînes d’approvisionnement mondiales, l’accès à une alimentation de base devient extrêmement compliqué dans plusieurs régions du monde, surtout au Sud. A eux seuls, 5 pays produisent 78% des exportations de céréales. La Russie et l’Ukraine représentent 30% des exportations de blé. Depuis la guerre, les prix explosent, les produits disparaissent des étals et les porte-monnaie sont désespérément vides. Mais la situation était déjà tendue auparavant.

Pour Gian Carlo Cirri, il existe quatre causes profondes à cette crise, les 4 C : les Conflits, le Climat, le Covid et les Coûts. « Ces éléments ne s’additionnent pas, ils se factorisent. C’est une situation sans précédent ».

Dépendance aux importations

Relatant la réalité du terrain, Mahamane Rabilou Abdou, responsable du bureau de coordination de SWISSAID au Niger explique que le prix de l’huile végétale a augmenté de 67% et celui de la baguette de 33% dans un pays dépendant aux importations et déjà fortement touché par le changement climatique, la pandémie et l’insécurité. « La situation est de plus en plus intenable », résume-t-il. Et d’évoquer des scènes « graves » et « touchantes ». A l’image de cette veuve qui s’occupe également de ses petits-enfants et à qui SWISSAID remet pour la deuxième fois un kit alimentaire dans le cadre de son programme d’urgence. A l’heure de recevoir riz, huile, sucre, farine de mil et lait en poudre, elle explique que cela lui permettra de nourrir sa famille pendant deux semaines. Après, elle ne sait pas.

Pour le responsable de SWISSAID au Niger, il faut poursuivre l’engagement en faveur de l’agroécologie, soutenir les petit-e-s paysan-ne-s, développer les semences à croissance rapide et revaloriser certaines céréales et plantes plus adaptées aux conditions locales.

Comment agir ?

Du côté du public, on s’interroge notamment sur la façon d’agir en Suisse et ailleurs pour tenter de remédier à la situation. Plusieurs pistes sont mentionnées : diminuer la consommation de viande, les biocarburants, le gaspillage au fil de la chaîne alimentaire, la dépendance aux énergies fossiles.

« Nous sommes conscients des défis au niveau politique », complète Sonja Tschirren, responsable du climat et de l’agriculture chez SWISSAID. « Nous nous sommes investis l’an dernier au Sommet sur les systèmes alimentaires pour placer l’agroécologie tout en haut de l’agenda. Et ce genre d’engagement va contribuer à permettre un changement de paradigme ».

 

Regardez ici l’enregistrement complet de la conférence: